Il n'y a que la vérité qui blesse

Il n'y a que la vérité qui blesse

« Le prends pas mal, mais t'as un peu une tête de bite. »

Évidemment, je l'ai mal prit. Mais je crois que je suis allé trop loin en la tuant. Surtout que, bon, dans le fond elle n'a pas tout à fait tord. Mais il y a des façons de le dire, merde! Elle m'a provoqué. J'ai répondu à la provocation, voilà tout.
En fait, j'ai déconné sur ce coup, je le sais. Surtout qu'elle était jolie. Encore, une moche de morte, c'est pas trop grave. On pleure par principe. Mais une jolie fille, c'est triste. On la regrettera toute notre vie. Ou en tout cas, on regrettera son corps.
C'est pas que, de toute façon, j'avais mes chances avec elle. Bien sûr que non. Déjà que j'ai aucune chance avec les moches, alors les filles mignonnes, faut pas exagérer.
Mais j'ai des principes. Et me laisser insulter de tête de bite sans réagir, ça n'en fait pas parti. Alors j'ai senti la moutarde me monter au nez et j'ai sorti mon couteau. Celui que j'aiguise tous les jours, et que j'utilise habituellement pour faire des marquages sur les troncs quand je me promène en forêt. J'ai donné juste un coup et ça lui a tranché la gorge.

Elle, elle m'a regardé en écarquillant les yeux. On voyait qu'elle comprenait pas ce qui lui arrivait. Puis elle est tombée. Et maintenant, faut bien que je me débarrasse du corps.
Je l'ai laissé à terre, là où il est tombé. C'est trop dégueulasse pour moi, tout ça. La tête est à moitié détachée du reste du corps. Et tout ce sang. Partout il y a ce sang. Au sol, naturellement. Mais aussi sur les murs. Et j'en ai plein mes vêtements et le visage. En plus, je crois bien que j'en ai reçu dans la bouche.
Alors non, ce corps, j'y touche pas. Mais je ne peux pas le laisser là. C'est un coup à aller en taule. Et je sais comment ça se passe là-bas.

J'ai vraiment merdé. Moi et mes putains de pulsions!
Je le savais que j'aurais pas dû l'aborder, cette fille. Ça m'a gâché ma soirée.
Et donc il y avait tout ce sang partout. Et ces bruits horribles que fait le sang qui s'écoule du corps. J'ai cru que j'allais faire un malaise. Alors je me suis assis un peu en retrait et j'ai respiré calmement, en cherchant une solution.

C'est là que j'ai pensé à toi. Toi, t'es mon meilleur ami. A la vie, à la mort. Tu te rappelle? Je sais que je peux compter sur toi pour m'aider à faire disparaître le corps.
Je sais que je te demande beaucoup mais bon. Qu'en-penses-tu?

-C'est vrai que t'as une tête de bite.