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The storyteller cat
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3 octobre 2013

Twin identity (Première partie)

Twin identity

 

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours détesté mon frère. Alors quand ma mère m'a appelé pour m'inviter à un repas pour fêter leur anniversaire de mariage, à elle et mon père, j'étais prêt à inventer une excuse pour ne pas y aller. Mais maman ment. Je sais que l'anniversaire de mariage, c'est une excuse pour qu'on soit tous réunis. Je sais qu'en réalité, ce repas, c'est un peu un adieu par anticipation à mon père.
Mon père est malade. Lui, il dit qu'il se sent beaucoup mieux et qu'il est prêt à reprendre le sport, à partir en voyage, à bricoler. On appelle ça le déni et c'est l'une des phases que rencontre un mourant: Déni, colère, négociation, isolement, acceptation. Puis enfin vient la décathexie, le moment qui précède juste la mort et dans lequel on peut avoir des hallucinations: On voir, comme on dit, les événements marquants de sa vie, le long tunnel...
Alors mon père est mourant et ma mère me demande de venir manger chez eux ce week-end.
J'ai toujours détesté mon frère, alors j'ai très envie de refuser. Toujours tenant le combiné contre mon oreille, j'imagine que mon frère arrivera dans sa voiture de luxe, toujours impeccable. Il se garera et en descendra habillé d'un costume hors de prix. Du côté passager sortira sa magnifique femme, dans une robe de grand couturier, parée de bijoux et maquillée à la perfection. Au moment de l'apéritif, lorsque ma mère nous demandera, à lui et à moi, ce qu'on devient, il parlera de son travail, de sa promotion. Il parlera de cette villa en bord de mer qu'il a acheté et vantera la beauté de la plage privée accompagnant le logement. Pendant que ma mère sera les yeux dans le vague, à imaginer la beauté de l'endroit, sa femme pouffera un peu, faisant gonfler sa poitrine incroyable à peine cachée par le décolleté profond de sa robe et dira rapidement: « Chéri, chéri! N'oublies pas de lui parler mon rôle! » et mon frère parlera du film dans lequel sa femme va jouer. Le genre grosse production, avec plein d'acteurs célèbres et un grand réalisateur. Puis il se tournera vers moi et me demandera ce que moi, je deviens. Alors ma mère se rappellera qu'elle a un second fils et tournera poliment la tête pour moi pour entendre ce que j'ai a dire, alors que mon frère me fixera avec un grand sourire méprisable que je lui rendrais volontiers si j'en avais le courage.
J'ai toujours détesté mon frère, alors j'ai très envie de refuser. Mais mon père est mourant alors je dis que je serais là.

Et je suis venu. Évidemment, tout ce que j'avais imaginé est arrivé. Mon frère avec sa grosse berline de riche, avec son grand costume de riche, avec sa bonne femme de riche. Et il nous parle de son travail qui le rend riche et de sa promotion qui le rendra encore plus riche. Puis il nous parle de sa villa et sa plage de riche. Et comme prévu, sa femme fait gonfler sa paire de seins et on apprend qu'elle va tourner dans un grand film. Et évidemment, après tout cet étalage de réussite, on se tourne vers moi et moi, je n'ai rien à dire.
J'ai toujours détesté mon frère.
Je ne peux pas dire que j'ai été viré de mon boulot de plongeur dans une petite brasserie. Je ne peux pas dire que la chambre où je loge est si miteuse que tous les jours, je me réveille avec des cafards grouillants sur le corps. Je ne peux pas dire que mon lit est trempé par la pluie qui perce la toiture et que lorsque je prends ma douche, c'est de l'eau froide est jaunâtre qui s'écoule et je ne peux pas dire que je n'ai toujours pas de copine. Tout ça, mon frère le sait et il prend un malin plaisir à me voir me tortiller sur le fauteuil de la maison familiale et changer précipitamment de sujet.
J'ai toujours détesté mon frère, et à cause de ça, je me déteste aussi.

Mon frère et moi sommes jumeaux. Et malgré nos rythmes de vie complètement différents, nous nous ressemblons encore comme deux gouttes d'eau. Et à cause de ça, lorsque je vois mon reflet dans un miroir, ce n'est pas à moi que je pense mais à mon frère et je le déteste alors je me déteste. Et je le déteste et je l'envie. Je le jalouse. J'avoue que je voudrais sa vie, mais qui ne la voudrait pas? Qui ne voudrait pas être riche et avoir une femme si bonne que rien qu'en la voyant gonfler sa poitrine tout à l'heure, j'ai eu une énorme érection que j'ai dû cacher lorsque les autres se sont tournés vers moi.
Et heureusement, ma mère est allée à la cuisine et nous a demandé de nous installer à table car le repas était prêt.
Notre père y est déjà assis. Il dit que les discussions le gonfle et qu'il préfère largement faire la conversation à son steak. La vérité, c'est que notre père est trop faible pour aller du salon à la salle à manger. Alors avant notre arrivée à mon frère et à moi, notre mère l'a installé à table et est allée nous ouvrir. Et pendant que la femme de mon frère est partie en cuisine aider notre mère, notre père nous regarde tous les deux et je vois qu'il est très fatigué.
Finalement, les femmes reviennent avec les plats, ce qui m'évite à supporter seul la présence de la personne que je déteste e plus au monde et d'un mort sur pattes. Et mon père, cet homme qui avait un si bon coup de dents, il a la larme à l'œil en voyant le bon repas qu'on a alors que lui, il doit se contenter de sa purée en flocons. Et c'est en silence que nous mangeons tous ensemble. Mon père au bout de la table à regarder tristement son assiette purée/steak haché, ma mère à côté de moi, essuyant de temps en temps la moustache de mon père quand celui-ci se colle par erreur son repas dedans et en face de nous, mon frère et sa femme, que j'ai juste devant moi. Et essayez de manger correctement lorsque près de vous, un vieillard bave dans son assiette et que juste sous vos yeux se trouve la plus belle paire de nichons qui puisse exister.
Ainsi se passe le repas: Mon père bave dans sa purée et s'en fout dans les poils de son visage. Mon frère parle à ma mère de cette plage si magnifique et moi, j'ai dû mal à rester concentré sur mon énorme pièce de bœuf alors que cette fois encore, je bande comme un fou en imaginant tout ce que je ferais à cette femme devant moi.
J'ai toujours détesté mon frère. Et j'ai toujours voulu baiser sa femme.
Aussi, après avoir terminé tant bien que mal mon assiette et en attendant le fromage et le dessert, je me suis éclipsé dans la salle de bain, ayant toujours en mémoire ce profond décolleté.
Lorsque je reviens dans la salle à manger, je les vois tous en train de rire et un instant, je me dis qu'ils savent ce que je viens de faire. Et un moment, je dois avoir un air coupable puisque ma mère se tourne vers moi et me demande si quelque chose ne va pas. Un peu gêné, je réponds vaguement et m'installe à nouveau et par la même occasion, demande ce qui les faisait tant rire en priant pour qu'ils ne parlent pas de ma masturbation. Et il est difficile de rester attentif à ce que raconte ma mère lorsque la plus belle des femmes vous regarde fixement.
J'aimerais pouvoir dire qu'ensuite, le fromage est arrivé et que tout s'est bien terminé mais ce n'est pas le cas. En vérité, ce que j'ai appris à ce moment là, ce qui semblait si drôle aux yeux des gens présents, je ne l'ai pas trouvé hilarant.

Lorsque nous étions encore bébés, mon frère et moi dormions dans le même lit. Inséparables, même dans notre sommeil. Et comme aujourd'hui, identiques. Nos parents s'en amusaient et pour accentuer encore plus notre ressemblance, nous étions toujours habillé à l'identique. Maintenant que ma mère s'est mise à l'informatique, elle dit que nous étions ses petits copier/coller mais avant, nous étions juste le clone de l'autre. Mais ça, je le savais déjà. A d'autres repas, nous en avions parlé. Mais aujourd'hui, peut-être parce que mon père est mourant et qu'elle veut détendre l'atmosphère, ma mère ajoute une anecdote. L'anecdote. Et imaginez mon état après l'avoir entendue. J'ai toujours détesté mon frère et je l'ai toujours jalousé. Il a une vie parfaite et la mienne est un véritable désastre. Et pour ça, je le déteste depuis l'enfance. Car tout lui réussissait déjà. Alors imaginez ma mère qui nous sert le plateau de fromage et qui nous dit qu'un matin, en allant nous réveiller dans notre lit, elle nous découvre tout retournés, secoués, mélangés. Pendant que mes parents dormaient, nous, nous avions bougé. Et ma mère rit. Et mon frère rit. Et sa femme rit. Et notre père, lui, il décortique tristement une petite portion de vache qui rit. Et moi, je comprends la gravité de la chose mais je suis le seul à avoir l'air grave. Parce que ma mère ajoute une chose. Une seule phrase qui vous détruit à jamais:

« Vous aviez tellement bougé, et vous étiez déjà si identiques que ton père et moi, on n'arrivait plus à vous différencier ».

 

Et pendant que tout le monde rit de cette anecdote, moi, je me lève si vite que je fais tomber ma chaise. Et je les regarde tous: Ma mère, qui rit aux larmes. La femme face à moi, avec son décolleté si surprenant que, moi debout et elle assise, je vois tout son corps jusqu'au nombril. Mon père, la moustache colorée à la vache qui rit et enfin, mon frère qui me semble désormais être un voleur. Je crois que j'ai compris. Tant de malheurs m'ont submergés. Mon frère, celui que je hais parce qu'il a réussi et moi non. Il a tout manigancé. Lorsque nous étions bébés, il a prit ma vie.

Sans un mot ni un au revoir, je me suis retourné et je suis parti, jurant de me venger. Jurant de récupérer ce qu'on m'avait prit. Et dans ma tête, j'ai toujours l'image de cette paire de seins si présente que ça sonne comme une invitation. Et dans mon esprit, je revois le regard appuyé que me lance cette femme à mon retour de la salle de bain.
Ce qu'elle fixait, c'était ma chemise. Ce qu'elle fixait, c'était cette chose qui était dessus et que je n'avais pas remarqué. Ce qu'elle fixait, c'était cette grosse giclée de foutre.

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