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The storyteller cat
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21 septembre 2012

Le goût des cerises P5

Le goût des cerises (Partie 5)

Le lendemain midi, j'étais à nouveau installé sur la terrasse du café et je surveillais l'heure fébrilement. J'espérais que Caroline ne m'oublies pas et j'étais tellement concentré sur l'heure que je ne vis pas tout de suite qu'elle était arrivée et qu'elle s'était assise en face de moi.

-Alors, tu m'offre un café? Finit-elle par demander.

Cette fois encore, je fus surpris et je sursautais à nouveau ce qui la fit rire. Un peu gêné de voir que Caroline riait à mes dépends si facilement, je bafouillais quelques excuses puis lui commandais un café.

Pendant cette pause, nous parlions du passé. Je n'osais pas lui demander ce qu'elle avait gravé par peur de la vexer mais lorsqu'elle me demanda comment allait ma mère, je fus obligé de lui dire que je ne lui parlais plus.

-Elle a fait couper le cerisier, tu sais. Me justifiais-je. Notre arbre. Celui dans lequel on passait nos journées et que je protégeais.
-Je comprends, dit-elle, compatissante. Mais elle avait certainement une raison valable. C'était quand même dangereux. Imagine ce qui aurait pu se passer si l'un de nous était tombé?
-Je suis tombé. Répliquais-je. Et je vais très bien. Tu as oublié?
-Non, bien sûr que non. C'est ce jour là où je suis venue te parler pour la première fois. Je visitais le quartier et j'ai vu l'arbre, au loin. Il y avait une silhouette qui y grimpait alors je me suis avancée et je t'ai vu tomber. Mais ce que je veux dire, c'est que même si toi, tu t'en es sorti, quelqu'un d'autre n'a pas eu ta chance, non?
-Mon père...
-Si tu veux mon avis, ta mère ne supportait plus de voir l'arbre par ses fenêtres. Il l'empêchait de faire son deuil. En l'abattant, c'est sa tristesse qui s'est envolée.
-Qu'est-ce que tu raconte? Qu'est-ce que tu sais de ma mère? Tu ne l'as même jamais rencontré. Dis-je, en colère.

La conversation devenait désagréable et j'aurais préféré changer de sujet. Ce que je fis.

-Excuse-moi. Je n'aurais pas dû réagir comme ça, tu as raison. Et pour changer de sujet, comment va ton père?

Caroline paru un instant embarrassée puis elle m'expliqua qu'il était mort lorsqu'elle avait douze ans. Que c'était pour cette raison qu'elle était partie sans prévenir. Ses grands-parents l'avaient recueillie et elle n'avait plus eu l'opportunité de me contacter.

-Au moins, tu n'étais plus battue, déclarais-je. C'était un mal pour un bien, donc.

A ces mots, Caroline se leva, folle de rage.

-Comment oses-tu? Hurla t-elle. Tu ose me critiquer parce que je te parle de ta mère et toi, tu t'en prends ensuite à mon père?! Il a toujours été adorable, avec moi. Se ruinant la santé à bosser jour et nuit pour que je ne manque de rien! Et tu ose sous-entendre qu'il me battait? Jamais! Jamais, tu entends? C'était un amour!

Je me retrouvais désormais dans une situation qui me mettait très mal à l'aise. J'étais pourtant certains d'avoir raison mais visiblement, ce n'était pas du tout le cas. Il était vrai que je ne l'avais jamais vu et il se pouvait bien que Caroline avait dit la vérité lorsque je l'avais vu boiter.

Cependant, alors que j'allais essayer de la calmer, elle dit une chose qui m'interpella et au lieu de la faire taire, je lui demandais de répéter.

-Quoi? Tu n'as pas entendu? Reprit-elle. Tu as oublié ça aussi? Il faut dire que je suis la seule personne à qui tu as dit la vérité. Tu es responsable de la mort de ton père alors par culpabilité, tu t'efforce d'imaginer que ton père est un modèle et tous les autres, des êtres détestables!
-Qu'est-ce que tu veux dire par là? Demandais-je, inquiet. Je suis responsable de la mort de mon père?
-Alors tu as vraiment oublié? Je vais te rafraichir la mémoire, donc. Ton père cueillait des cerises. Pour te faire plaisir, il a grimpé plus haut dans l'arbre et a chuté. Ça, c'est la version officielle. Celle que ta mère a raconté. Tu as oublié la vérité? Le jour de ton anniversaire. Quand je suis restée avec toi toute la nuit.
-De quoi veux-tu parler?
-Tu m'as raconté la vérité. Tu m'as dit que ton père venait d'effectuer la cueillette des cerises. Et pendant qu'il apportait ce qu'il avait récolté, tu étais resté près de l'arbre. Là, tu as remarqué l'échelle contre l'écorce. Ton père ne l'avais pas encore rangée. Et dans les hautes branches, tu voyais des cerises d'un rouge éclatant. Alors tu as grimpé à l'échelle. Puis tu as grimpé de branches en branches. Tu étais si haut. Depuis la fenêtre de la cuisine, tes parents t'ont aperçu et ton père est revenu au pied de l'arbre en courant. Toi, tu étais paralysé par la peur, maintenant. C'était tellement haut. Alors ton père est monté pour venir te rechercher.
-Non, c'est faux... Tais-toi! Je parvenais pas à croire Caroline.
-Ton père t'a rejoint et par peur, tu t'es débattu. Tu l'as fait tomber.

Je me retrouvais en pleurs dans les bras de mon amie.

-Caroline... Cette histoire... Je ne m'en souviens plus.

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