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The storyteller cat
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21 septembre 2012

Le goût des cerises P4

Le goût des cerises (Partie 4)

Il faisait beau, aujourd'hui. Pendant ma pause déjeuner, j'avais décidé de sortir un peu. Je m'étais assis à la terrasse de mon café préféré et je sirotais un expresso en lisant un petit hebdomadaire. Il y avait peu de monde dehors, cependant, et je me sentais calme et reposé. Bien moins stressé que la veille, à parler du mariage.
J'étais tranquillement installé, les pieds posés sur la chaise d'en face quand une personne m'interpella.

-Excusez-moi? Cette chaise est-elle libre?

Je jetais un rapide coup d'œil à la personne me posant la question et renversa mon café sur ma chemise. Je me levais aussitôt et oubliais aussi soudainement la brûlure sur mon torse.

Devant moi se trouver une jolie femme en tailleur. Je restais debout, dégoulinant de café pendant que la femme se détourna et prit la chaise sur laquelle j'avais auparavant mit mes pieds. A cet instant, je ne savais pas si elle m'avait reconnu ou si j'étais devenu un parfait inconnu mais moi, j'avais tout de suite deviné qui elle était.

Sans même prendre la peine de m'essuyer la chemise, je pris ma chaise et m'installa face à la nouvelle venue. Elle me regarda, sceptique, et avant qu'elle ait pu ouvrir la bouche, je pris la parole.

-Il y avait longtemps, Caroline.

La femme me regarda longuement sans rien dire et je fus prit d'un doute. Et si ce n'était pas elle? Si je me trompais?

-Trop longtemps, certainement. Finit-elle par dire.

Soudain, je me revis petit garçon, intimidé par cette fille qui se chatouillait l'oreille avec sa petite brindille et je souris.

-Comment tu vas? Que fais-tu ici? Pourquoi maintenant? Demandais-je, fébrile.
-Tu pose beaucoup de questions, répondit-elle en souriant à son tour. On va essayer d'y répondre dans l'ordre. Alors je vais bien. Je reviens d'un rendez-vous dans le quartier, je travaille en agence immobilière. J'étais avec un client il y a encore dix minutes. C'est la première fois que je vais dans ce coin de la ville, d'ailleurs. Puis j'avais envie d'un café alors je suis venue à cette terrasse. Par contre, je ne comprends pas ta dernière question. Que veux-tu dire par « Maintenant »?

J'avais envie de lui dire que je lui en voulais beaucoup pour son absence. Qu'elle n'aurait pas dû partir sans rien dire après la classe de cinquième, que j'aurais eu besoin d'elle lorsqu'on a coupé le cerisier et qu'on était censé rester toujours ensemble mais je me rendais compte alors que c'était juste des histoires de gosses alors je répondis:

-Je veux dire que... Ça m'a surpris. Et j'ai renversé mon café. Et après, je dois retourner bosser et j'ai aucun vêtement de rechange. Du coup, si je t'avais croisé ce soir plutôt que ce midi, ce n'aurait pas été gênant d'être tâché.

-Je vois, lâcha-t-elle finalement, après avoir longuement plongé ses yeux dans les miens, comme si elle espérait y découvrir la vérité. Je suis désolée de t'avoir surpris autant. Moi-même, je ne m'attendais pas à te voir ici, même si j'ai beaucoup pensé à toi pendant ces années.
-Moi aussi, lui avouais-je. Mais je dois te laisser, il faut que je retourne au boulot. On peut peut-être se revoir? Demandais-je.

Caroline sembla réfléchir un moment puis elle accepta mon invitation.

-On peut se revoir ici demain, si tu veux. A la même heure. Au moins, tu ne seras pas surpris, cette fois.

L'après-midi se passa dans l'euphorie générale et je remarquais à peine les moqueries de mes collègues concernant ma chemise. Je rentrais ensuite chez moi où Gwendoline me raconta sa journée au collège dans lequel elle était infirmière scolaire et je me couchais assez tôt, prétextant un mal de crâne pour éviter d'avoir à subir les détails concernant les problèmes des collègiens. Seul dans mon lit, je refermais les yeux et essayais de me rappeler la Caroline de mon enfance. Je revis la dernière journée des vacances avant notre entrée au collège. Je me rappelais ses lèvres sur les miennes, je me rappelais le moment où elle avait sorti son couteau et je la revoyais s'en servir pour graver quelque chose sur le tronc. Je fermais les yeux plus fort encore mais je n'arrivais pas à me rappeler ce qu'elle avait alors gravé. Après avoir tenté un long moment de faire remonter ce souvenir, Gwendoline me rejoignit et pour avoir la paix, je fis semblant de dormir. Il faudrait que je demande à Caroline, demain, si elle se rappelait ce qu'elle avait gravé.

Sur ces pensées, je m'endormis.

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