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The storyteller cat
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21 septembre 2012

Le goût des cerises P1

Le goût des cerises (Partie 1)

Avant-propos: Cette histoire est « prête » depuis plus d'un an et demi. Je l'avais gardé en tête tout ce temps puisqu'à l'origine, je l'avais imaginé en dessin. Elle devait s'appeler alors « Là où fleurit le cerisier ». Je m'étais dit que lorsque je saurais dessiner, je mettrais cette histoire sous forme de bande-dessinée mais malheureusement, après tout ce temps, je suis resté aussi mauvais qu'avant en dessin. C'est pourquoi j'ai finalement couché cette histoire sous forme écrite. Au moment où je tape ces phrases, je n'en suis qu'au début de la narration. J'espère pouvoir réussir quelque chose d'à peut-près bien et parvenir à raconter à l'aide de mots ce que je voulais dire avec des images. Tant que l'histoire vous plait, c'est le plus important, non? Ce sera à vous de me le dire.

Votre dévoué chat.

 

 

 

On dit qu'avant de mourir, on voit sa vie défiler devant nos yeux. Heureusement pour moi, je ne suis pas obligé d'en arriver là pour me rappeler mon enfance. Il suffit que je ferme les yeux. Mon enfance... Elle a été l'enfance de beaucoup de monde, en vérité. J'habitais dans une petite maison de campagne avec mon père et ma mère. On avait un immense terrain. C'était mon terrain de jeu. Mon père m'interdisait juste d'aller vandaliser son coin jardin mais même sans son interdiction, je n'y serais pas allé tant le restant m'étant autorisé était immense. A peut-près au centre du terrain, il y avait un énorme cerisier. Mon père disait qu'il avait au moins deux-cent ans et malgré les protestations de ma mère qui disait que ce n'était pas possible, je crois bien que c'était le cas. Cet arbre me fascinait. Non seulement par sa taille mais aussi par ses fleurs et surtout ses fruits qui exerçaient en moi un pouvoir attractif guidé par la gourmandise. Malheureusement, les premières branches étaient trop hautes pour que je puisse cueillir quoi que ce soit et je devais attendre que mon père se décide à sortir sa grande échelle et ramasse les cerises non mangées par les oiseaux pour que je puisse déguster l'objet de ma convoitise. D'ailleurs, j'aimais tellement ces fruits que j'en mangeais au moins la moitié avant que ma mère ne pense à les mettre hors de ma portée pour les réserver à la préparation de clafoutis ou de confitures.

Si je garde les yeux fermés, je peux également revoir le moment où mon père est mort. Je me rappelle qu'il effectuait la dernière cueillette de l'année et cette fois, pour me faire plaisir, il avait essayé de ramasser les fruits encore plus haut que d'habitude. La branche sur laquelle il s'appuyait a cassé et mon père a chuté. J'avais cinq ans et je ne comprenais pas ce qu'il venait de se produire. Le soir même, en disant bonne nuit à ma mère, je fus surpris qu'elle soit seule et je pense que c'est à se moment que j'ai réalisé que mon père ne serait plus avec nous et je me suis mit à pleurer en l'appelant.

Après cette nuit là, je me suis enfermé dans le silence et ne parlais plus qu'à ma mère, ignorant les enfants de ma classe, ma maîtresse et n'importe quel autre être humain que je pouvais croiser. Mon père était un homme bon et juste mais les autres enfants avaient toujours eu peur de lui. Le voir courir, avec une branche à la main, à la poursuite des gosses qui s'étaient aventurés dans notre terrain avec la volonté de nous chiper nos cerises me faisait rire même si je savais qu'en vérité, mon père ne les aurait jamais brutalisé et que de toute façon, tout comme les premières branches du cerisier étaient trop hautes pour moi, elles l'étaient également pour eux.

Maintenant que mon père n'était plus là, les enfants se faisaient plus nombreux, plus insistants. Ma mère n'avait pas la force nécessaire pour les intimider et il était fréquent de voir par les fenêtres de la maison passer notre grande échelle portée par les mômes pour effectuer la cueillette. Dans ces moments-là, ma mère détournait le regard et me demandait de monter dans ma chambre. Je crois bien qu'elle devinait que je bouillonnais d'envie d'aller les frapper. Sans mon père à nos côtés, elle voyait bien qu'elle ne pourrait plus me maîtriser très longtemps encore.

Si je garde encore les yeux fermés, je peux voir le premier jour où je me suis décidé à agir. Je venais d'avoir six ans et avais été tiré de mon sommeil par des bruits de verre. En réalité, cette nuit, ma mère avait décidé de mettre l'échelle dans notre garage et des jeunes adolescents venaient de fracasser l'une des fenêtres pour ouvrir la porte de l'intérieur. Comme un pantin, je me suis habillé et je suis sorti de la maison. Ma mère ne m'avait pas entendu me lever. Les bruits des casseurs l'avaient réveillés mais par peur, elle s'était calée son oreiller sur le visage, couvrant ainsi les sons. Une fois à l'extérieur, j'ai alors ramassé une branche morte et me suis glissé sans bruit vers les jeunes. En plus d'avoir cassé une vitre pour prendre l'échelle, ils avaient renversé pas mal d'objets qui trainaient sur les étagères du garage, ce qui m'énervait encore plus. L'échelle était maintenant contre l'arbre et dans les branches, deux ou trois types ramassaient les fruits. J'avais envie de pleurer lorsque je voyais avec quelle indélicatesse ils prenaient les fruits, allant jusqu'à arracher les branches juste pour atteindre plus facilement des fruits qu'ils jetaient au sol de toute façon. Au pied de l'arbre, un garçon d'environ douze ans semblait faire le guet mais, trop occupé à regarder les autres faire les idiots, il ne m'avait pas vu arriver. Je me suis alors glissé derrière lui et frappa. Le coup n'était pas assez fort pour l'assommer mais il poussa un petit cri qui devint beaucoup plus fort quand il passa la main dans ses cheveux et qu'il découvrit du sang sur ses doigts.

Inquiétés par les cris, les autres jeunes sautèrent au sol et sans prendre le temps de me regarder, ils filèrent avec les vélos qu'ils avaient laissé non loin, les pleurs du guetteur les accompagnant. Après ça, il était hors de question de laisser à nouveau n'importe qui s'approcher de mon arbre et, profitant de l'échelle appuyée contre le tronc large, j'ai décidé de grimper jusqu'aux premières branches afin d'y monter la garde. Je fus réveillé le lendemain par ma mère qui s'inquiétait de ma disparition et qui m'interdit de grimper à nouveau dans l'arbre mais à partir de ce jour je considérais le cerisier comme ma nouvelle maison. Une maison que je devais protéger contre tous. Ainsi, chaque fois que c'était possible, je grimpais dans les premières branches et restais là à veiller.

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Commentaires
H
*-* un cerisier
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