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The storyteller cat
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21 août 2013

Puisque je vais mourir (III)

Puisque je vais mourir (III):

 

En réalité, il n'y avait rien d'honorable à faire ce que nous projetions. Il avait été décidé, lors de la création de notre plan de vengeance, d'attendre l'ouverture de la boutique et de détériorer un maximum de choses avant de se barrer aussi vite que possible. Quand nous avons compris que la boutique était une horlogerie, on a un peu remanié le plan. Cette fois, on entrait, chacun notre tour, toutes les cinq minutes, pour casser, détruire, broyer, réduire en miettes le moindre petit engrenage ou mécanisme d'horlogerie.
Pourquoi ne pas entrer tous ensemble?
A vrai dire, je ne sais plus trop. Il me semble qu'on avait autre chose de prévu à faire en plus de la casse mais comme on ne l'a pas fait, j'ai oublié.
Donc mon pote, notre chef, m'a passé une des battes de baseball qu'on avait rassemblé. Je l'ai prise et je suis entré, prêt à détruire un maximum de choses.

Lorsque je suis entré, j'ai vaguement entendu le « bonjour » qui semblait venir de l'atelier aménagé au fond de la boutique et je suis resté planté là. Même moi qui n'y connaissait rien, je pouvais percevoir le tic-tac de toutes les horloges présentes. Un tic-tac parfaitement synchronisé. Une remarquable prouesse.

Je suis resté un moment comme ça, au milieu de tout ces mécanismes, à les écouter. Puis l'un de mes amis est entré à son tour. Il m'a regardé puis a regardé tout autour de lui et a dit tout simplement:

-Bah? Tas pas commencé?

Alors je suis sorti de mes pensées et l'ai tiré avec moi vers la sortie. Tous les autres ont paru surpris alors j'ai dit, comme pour me justifier:

-Une autre fois. J'ai vu des policiers à l'intérieur.

Je suppose que plus tard, l'ami qui était rentré à ma suite leur a dit que c'était faux. Que la boutique était vide de clients. Mais ça, je ne l'ai jamais su. En réalité, j'avais aimé ce magasin. Le son des horloges, l'odeur du bois vernis, l'apparence des objets... Et je voulais y retourner.

Lorsque j'y suis repassé, quelques jours plus tard, je retrouvais toute l'atmosphère que j'avais aimé. Cependant, il y avait un détail supplémentaire dans la pièce. Le vieillard était là, sur une échelle, en train de trifouiller une grande horloge. Quand je suis entré, il avait tourné son regard vers moi, avait eu un moment d'hésitation puis s'était exclamé:

-Mais c'est l'un de nos apprentis casseurs! Bonjour!

J'étais perplexe. Visiblement, l'homme savait ce qu'on avait tenté de faire et pourtant, il ne semblait pas plus choqué que ça de me voir dans sa boutique. Mais il avait reprit, comme s'il avait lu dans mes pensées:

-Bien sûr, si vous aviez fait ce pour quoi vous étiez venus, j'aurais beaucoup moins apprécié votre visite aujourd'hui. Mais ici, il se dégage quelque chose d'unique, n'est-ce pas?

-C'est magique. Répondis-je.

Et c'est de cette façon que je suis devenu apprenti dans La Chambre de Chronos.

Je tournais le dos à mes anciennes habitudes et à mes potes et je passais mes journées à travailler. Monsieur Jean, c'est le nom de mon patron, n'avait pas imaginé prendre un jour un élève. Pas un élève comme moi, en tout cas. Mais lorsque je lui ai dit que je voulais travailler ici, avec lui, il m'avait juste demandé de repasser le lendemain.
Il y avait cependant une ombre au tableau: Je n'avais pas le droit d'entrer dans la grande chambre froide. J'aurais voulu savoir à quoi elle servait désormais mais la porte était verrouillée.
En fait, je n'ai pas mit longtemps à savoir ce qu'il y avait là-dedans. Mais vous comprendrez que je ne le dise pas tout de suite. Gardons un peu de place pour le suspense, voulez-vous?

 

Je marque un temps d'arrêt dans le récit de mon histoire pour mettre au clair certains points:

D'abord, même si moi, j'avais oublié cette stupide histoire de vengeance, il n'en était pas de même pour mes anciens amis.
Ensuite, la partie de ma vie que je raconte là est la bonne partie. Alors n'oubliez pas, je reste un odieux connard.
Et enfin, je sais que vous attendez que je parle de mon pouvoir. Je n'ai pas oublié. Mais pour le moment, je ne l'ai pas encore. Alors chaque chose en son temps.

Ne vous en faites pas. Vous, vous avez tout le temps qu'il vous faut. Plus que moi, en tout cas. Ne soyez pas trop pressé.

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