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The storyteller cat
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21 septembre 2012

Le goût des cerises P7

Le goût des cerises (Partie 7)

La semaine passa tranquillement. Caroline et moi, on trainait au lit. On mangeait lorsqu'on avait faim et le restant du temps, on le passait à faire l'amour ou juste à rester ensemble, sans rien faire ni parler. Je me disais que je pouvais passer le restant de ma vie de cette façon quand arriva le samedi. C'était le jour où j'aurais dû me marier. J'avoue que j'étais assez stressé et je n'avais pas fermé l'œil de la nuit alors je fus d'autant plus surpris lorsque je me rendis compte que Caroline était sortie. J'en profitais pour me doucher en attendant son retour et lorsqu'on sonna à la porte, je m'empressai d'aller ouvrir.

Quelle ne fut pas ma surprise et ma déception lorsque je vis Gwendoline dans l'entrebâillement de la porte.

-Il faut qu'on parle. Dit-elle simplement.
-J'ai pas envie de parler. Répondis-je en essayant de claquer la porte mais Gwendoline la bloquait avec son pied.
-Si, il le faut. Je suis retourné voir ta mère. Nous avons beaucoup parlé. Tu es malade, Benoît. Depuis la mort de ton père, tu t'es renfermé sur toi-même et tu as fini par te persuader que tu n'étais pas seul. Mais c'est faux.
-Tu raconte n'importe quoi. Tu crois ma mère alors qu'elle ferait tout pour me gâcher la vie!
-Elle t'aime! Et moi aussi, je t'aime, Benoît. Écoutes... depuis ton enfance, tu te crée des amis imaginaires.
-Caroline n'est pas imaginaire! Hurlais-je soudainement.
-Alors où est-elle? Où sont ses vêtements? Je ne vois ici qu'un appartement de célibataire. Sur la boîte à lettres, en bas de l'immeuble, c'est ton nom qui est inscrit. Il n'y a pas de Caroline. Elle est dans ta tête. C'est un rêve que tu fais!

Violemment, j'ai repoussé Gwendoline et fermé la porte à double tour. Caroline serait imaginaire? Une fille sortant de mes rêves? Absurdités! Mais mon ex avait raison, maintenant, je remarquais que rien dans l'appartement ne témoignait de la présence d'une femme. Pas de vêtements ou de produits d'hygiène. Aucune photographie d'elle. Même les pièces étaient décorées selon mes propres goûts. Et à bien y réfléchir, si Caroline était issue de mes rêves, il était logique qu'elle ne soit plus là si je n'avais pas dormi de la nuit. Mais c'était impossible. Je ne pouvais pas l'avoir rêvé. Je la connais depuis mes dix ans. Si elle n'était que dans mes rêves, il n'était pas possible que je la perde de vue pendant toutes ces années. Je pensais à elle si souvent.

Je me sentais perdu, désormais. Seule la présence de Caroline aurait pu m'apaiser mais je n'avais plus aucun moyen de la contacter. Mon téléphone était en miettes et je ne voyais pas comment je pouvais la contacter, désormais. Je passais alors le reste de la journée à l'état de cadavre ambulant. Je me décidais finalement à me coucher en espérant retrouver la femme que j'aimais le lendemain matin.

Plongé dans mon sommeil, je fus réveillé par du mouvement à mes côtés. Caroline était là. Je l'embrassais fougueusement et lui demanda où elle se trouvait la veille. Caroline parue fâchée puis elle se leva d'un bond pour me faire face avant de s'exprimer.

-Tu me demande où j'étais? C'est toi qui est parti, hier. Je t'ai attendu longtemps. J'ai cru que tu étais reparti.
-Qu'est-ce que tu dis? Mais non, c'est le contraire! C'est moi qui suis resté ici à te chercher. Et cet appartement était si vide de ta présence... Mon ex est venue. Elle a dit des choses horribles, sur toi. Elle a dit que tu n'existais pas.

Malgré moi, je sentis mes yeux s'humidifier et bientôt, quelques larmes coulèrent. Caroline me prit dans ses bras et reprit la parole.

-Mais bien sûr que si, que j'existe. Je suis là, je te sers contre moi, tu le sens? Mais je dois avouer qu'elle n'a pas tord. J'existe bien, mais uniquement dans tes rêves.

Stupéfait, je fixais Caroline pendant qu'elle continuait:

-Hier, j'étais là. Mais tu n'as pas dormi de la nuit. Alors tu ne m'as pas vu. Tout à commencé ce jour là, tu te rappelle? Lorsque tu es tombé. C'était une lourde chute. Tu crois t'en être bien sorti? Le choc a été assez violent pour que tu déraille un peu. Et c'est là que je suis apparue. J'ai été ton amie imaginaire. Tu m'as imaginé pour que j'apaise ta souffrance. Il y a quelques temps, tu as essayé de te rappeler ton enfance et mon souvenir est ressorti. Alors je suis apparue. J'ai toujours été dans une partie de ton subconscient. Tout ce que tu crois savoir de moi, tu l'as imaginé. Je n'ai pas d'existence à proprement parler mais à travers toi, je vis.

Je ne savais pas quoi dire. Tout ça me semblait à la fois irréel mais également logique.

-Mais ce n'est pas grave, Benoît, non? Je t'aime.
-Je t'aime aussi.

J'étais perdu. La fille que je pensais connaître depuis mes dix ans disait elle-même qu'elle était dans ma tête? Quand je l'ai revu dans le café, j'étais endormi? Lorsque nous nous sommes embrassés, lorsque nous avons fait l'amour...

-Oui, tout ça, tu l'as rêvé. Dit Caroline, comme si elle avait lu dans mes pensées.

Après avoir prit quelques instants à réfléchir, je m'étais enfin décidé à parler.

-Ce que je désire, c'est rester avec toi. Parce que je t'aime depuis toujours mais si tu es dans mes rêves, il y aura toujours des moments où nous serons séparés.
-Alors faisons en sorte que ces moments-là soient les plus courts possible.

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Commentaires
H
c'est si triste ='(...
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