Le plus grand secret...
Le plus grand secret pour le bonheur, c'est d'être bien avec soi-même (Bernard Fontenelle) (d'après Candyrose)
« Ce matin un lapin
A tué un chasseur
C'était un lapin qui
C'était un lapin qui
Ce matin un lapin
A tué un chasseur
C'était un lapin qui
Avait un fusil »
La musique résonna dans le tribunal. Les jurés semblaient amusés par cette chanson, trouvant qu'elle n'avait rien à faire dans un lieu tel que celui-ci, mais cette chanson avait totalement sa place.
Sur le banc des accusés ce trouvait un lapin. Anxieux, il baissait les oreilles, attendant le verdict.
La partie civile comportait la famille de la victime, Mr Durand, qui chassait en compagnie de son fils lors des week-end ainsi que d'amis, collègues ou voisin.
Le fils avait raconté la scène qu'il avait vu. Le lapin vagabondait dans la forêt. Le père l'avait mit en joue. L'animal avait alors sorti un fusil et tiré, tuant sur le coup Mr Durand.
L'avocat du lapin avait plaidé la légitime défense. Il était menacé, il a tiré.
L'avocat de la partie civile criait à l'acte prémédité.
-Si le lapin avait un fusil sur lui, ce n'était pas par hasard. Il cherchait à tuer. C'est pourquoi je réclame la peine de mort pour l'animal.
Dans les « spectateurs », on s'indigna.
Les végétariens se levèrent et jetèrent des tomates sur l'avocat, les membres des sociétés de défense des animaux les imitèrent et l'avocat fut rapidement souillé de jus de tomate. Les bouchers présents lancèrent leurs couteaux sur les partisans du lapin et on déplora au moins trois morts et quatre blessés.
Le juge réclama le silence et déclara le report de l'audience ainsi que la mise en détention des perturbateurs.
Ce fut menottes aux pattes que le lapin quitta le tribunal. Dehors, les journalistes attendaient impatients, réclamant des interviews, des photos...
CLAC
La porte de la cellule claqua. Le lapin s'allongea sur le lit et pensa à sa plaidoirie du lendemain. Il était convaincu d'avoir eu raison de faire ce qu'il avait fait. Sa lapine l'attendait avec sa toute jeune portée de lapereaux. Un chasseur en moins était une chance de plus pour eux survivre. Ils avaient déjà fort à faire avec les renards et les rapaces. Si les humains s'y mettaient, il était inconcevable qu'ils puissent continuer à vivre. Avec les chasseurs, les lapins allait disparaître.
Le juge déclara la séance ouverte. Aussitôt, le lapin se leva et expliqua vouloir prendre la parole.
-Je ne veux, monsieur le juge, point faire croire que je suis innocent. Je plaide coupable pour la mort de Mr Durand. Cependant, si je l'ai fait, c'est comme l'a dit mon avocat hier, dans un état de légitime défense. Mais ce n'est pas moi que j'ai défendu. J'ai défendu mon espèce. Nous, les lapins, sommes la proie de trop de monde. Animaux comme humains. Alors il fallait prendre une décision. J'ai peut-être prit la mauvaise décision, mais je ne peux pas changer le passé. Mr Durand est mort, je l'ai tué, mais j'ai sauvé ma famille!
Le lapin présenta à la cour une photo d'adorables petits lapereaux s'éveillant au monde.
-Objection votre honneur! Cria l'avocat de la partie civile. Il ne fait aucun doute que le coupable présumé cherche à attendrir les jurés!
-Je ne vois pas de quoi vous parlez, répondit le juge, séchant ses larmes.
-Mais... Monsieur le juge! Cette photo ne fait pas partie des pièces du dossier! Elle est irrecevable!
Le lapin sentait venir sa fin. « Je suis mort », pensa t-il.
-Messieurs les jurés, veuillez délibérer, déclara le juge à la fin de l'audience.
A leur retour, ils déclarèrent le lapin coupable à l'unanimité. Celui-ci les fixa d'un regard vide et s'exclama:
-Ainsi, ce n'est pas aujourd'hui que les animaux triompheront. Cependant, je ne regrette pas ce que j'ai fait. Je finirais ma vie heureux. Je suis en paix avec moi-même. Il reste à voir si vous, vous pourrez vous endormir, ce soir. Mesdames, messieurs, je vous salut.
Au menu ce soir: Lapin à la crème de moutarde et champignons.
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