Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
The storyteller cat
The storyteller cat
Publicité
Archives
Newsletter
31 mai 2010

N°06-01-88...

N°06-01-88 (2ème partie: La fuite)

 

Les embryons se sont bien développés. Ils ont enfin atteint l'âge de 5 ans. On ne peut pas imaginer le sentiment qui nous envahi lorsqu'on se rend compte qu'un humain peut vieillir de 5 ans en l'espace de 5 semaines. Ces bébés, sortis des éprouvettes sont maintenant au tournant de leur vie. Soit la fonction implantée a fonctionné, soit on obtient le même résultat que pour les autres essais et ces enfants finissent dans la fosse.

Lorsque le gouvernement a demandé à Lab-Tech de développer de nouvelles armes, nous avons été interloqués. Lab-Tech, laboratoire pharmaceutique utilisant les dernières technologies, devait-il diversifier à ce point son activité? La réponse s'est rapidement fait entendre et dès le mois suivant, la construction d'un nouveau Lab-Tech était en cours dans la forêt.
Je suis rentrée dans là-bas en temps de chercheur et je me suis fait à l'idée de travailler sur des humains. De toute façon, ce ne sont pas de vrais humains. Tout juste des embryons clonés à partir d'une cellule souche.
Des produits de laboratoire, des consommables. On s'en sert et on jette.

-Le docteur Stanley est attendue en salle B-16. Le docteur Stanley est attendue en salle B-16.
Je dois y aller, je passe dans les douches de décontamination et rejoins le docteur Basil. Celui-ci semble énervé, une fois encore.
-Ah, Stanley! Enfin là! J'ai pas le temps d'attendre votre arrivée! Tâchez d'être plus ponctuelle, merde!

Je ne réponds pas à sa provocation. Je réponds juste que je m'excuse. Je me doute de la raison de son énervement. Encore une série ratée. Encore une fosse à remplir.
-Allez voir si vous pouvez en amener au moins un dans la salle B-17. Ceux qui y bossent n'auront jamais rien à foutre s'ils n'ont pas de patients. M'ordonne le docteur Basil.

Alors je m'exécute. Je m'approche du premier enfant. Sanglé, l semble dans les nuages. Je vérifie les réactions, les nerfs, les réflexes de la pupille, la tension. Tout va bien. Alors je souris à cet enfant qui reste dans le vague et je lance par dessus mon épaule un « Celui-ci ira dans la fosse ». Un par un, j'examine les enfants et à chaque fois, tout va bien. Alors à chaque fois, une équipe les euthanasie, retire les sangles et partent direction la fosse.

Il faut se dépêcher, Si l'euthanasie n'est pas effectuée à temps, les mômes sortent de leur torpeur et on perd des membres de l'équipe. La première fois, on n'avait pas prévu de sangles. Celui qui devait euthanasier a hésité. Le gamin a cligné des yeux, l'a regardé et lui a sauté dessus. Nous n'avions plus en face de nous un adulte avec un enfant qui s'amuse mais un tas de chair en lambeau avec une bête féroce se roulant dedans. Les yeux sans pupilles, les dents acérées, les ongles formant de véritables griffes et ce goûts pour la viande fraîche. Une transformation telle que le gouvernement la souhaitait, mais incontrôlable. Alors maintenant, on les tues.

Cette série a toute entière été envoyée à l'abattoir, aujourd'hui. Le lendemain aussi. Le surlendemain encore. Et les jours qui ont suivis.
Toutes les séries, de la première à la quatre-vingt septième ont été des échecs. Et aujourd'hui, la quatre-vingt huitième ne devrait pas être différente.
Pourtant, le sixième enfant de la première rangée a réagit.

Lorsque je l'ai contrôlé, tout était ok. Alors j'ai lancé mon habituel « Celui-là ira dans la fosse » et dès que je m'en écartée, je l'ai entendu renifler.

-Attendez pour celui-là, ai-je dit. Et il m'a regardé, les larmes aux yeux. Il m'a regardé et m'a dit...
-Je veux vivre...

Je frissonne et finie par dire que le cobaye n°06-01-88 ira dans la salle B-17.
C'est sous les applaudissements que l'enfant a été amené.
Je suis convoquée par la directrice, elle veut me féliciter.
Je suis en train de boire une coupe de champagne avec mes collègues.
Je suis sur la route vers chez moi.
J'ouvre le gaz chez moi.
Je ne me rappelle pas de ce qu'il s'est passé entre-temps.
Juste une phrase qui résonne dans ma tête. « Je veux vivre ».

Alors je craque une allumette.
Dans Lab-Tech, n°06-01-88 est en train de s'habiller. Il n'est plus sanglé et attend que je vienne le chercher. Il sait que je ne vais pas mourir dans l'explosion.
Il a raison, j'arrive deux heures après. Je le prends dans mes bras et c'est comme ça qu'a commencé notre fuite.

Publicité
Publicité
Commentaires
P
Pauvres enfants :( en même temps ce sont des potentiels meurtriers donc pas de problèmes ... Mais moi ce qui me choque le plus c'est la fosse :S Rien que ce mot ne m'inspire pas dans le contexte de ton texte :/ <br /> En tout cas bravo, tu passe de l'humour au sordide aussi facilement que ... Euh ... Enfin tu me comprends ;D <br /> Tu es le meilleur normal \o/ <br /> <br /> Je parierai pour que n.06 cache son jeu, et qu'il la manipule mouahah xD Et donc qu'il la tue, qu'il provoque le chaos dans le monde ... Et qu'il en devienne le maître xD <br /> <br /> Allez assez pour les divagations ... La suite!
F
Un texte surprenant et assez particulier. Tu sembles changer de registre en étant dans le sordide.<br /> En tous les cas, ta plume s'améliore de texte en texte !<br /> <br /> J'attends la suite avec impatience !
F
Les pauvres enfants :( je les plains...<br /> Et le 6ème enfant... il est trop chou quand il dit d'une ptite voix "je veux vivre" (enfin... c'est ce que j'imagine ^^) En plus c'est le seul survivant!!!
P
mais que c'est morbide !!:( j'espere que dans la suite il y aura moins de cadavre d'enfant, là limite que je fais une tête bizarre quand je lis !!! mais bon , il y a un survivant :) Je veux la suite, étonnant non ??!!
Publicité