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The storyteller cat
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3 octobre 2013

Twin identity (Troisième partie)

Twin identity

 

Un bon boulot, une belle voiture, une immense maison et une femme du tonnerre. Si, aujourd'hui, après avoir tout récupérer, je devais ne garder qu'une seule chose, ce serait ma femme. Ma femme et ses nichons. Si aujourd'hui, on me la reprenait, j'en deviendrais fou. Priver un homme d'un tel corps, c'est inhumain. Mon salopard de frère s'ennuyait pas. J'ai toujours détesté mon frère. Mais sa femme, elle, plus d'une fois je l'avais baisé en pensées.

Et j'ai une voiture, un travail, une maison en plus. Et tout va bien. Au travail, j'occupe un poste de responsable si haut placé que sous mes ordres, j'ai d'autres responsables à qui je délègue le boulot. Je gagne ma vie en jouant au solitaire et je la gagne bien. Dans la voiture, et quand je dis « dans la voiture », je veux dire « dans le coffre de la voiture », mon frère ne s'est toujours pas réveillé. Je vérifie chaque jour sur la route vers mon lieu de travail. Le fond du coffre est coloré d'un rouge sombre, sous le crâne de mon frère mais ça ne semble pas le déranger, il reste dans sa position inconfortable sans protester lorsque le coffre est ouvert, alors je le laisse dedans. De toute façon, où je le mettrais? Je suis presque sûr que ma maison est si grande que même ma femme ne pénètre pas dans toutes les pièces mais je crains trop que son sang salisse mon intérieur comme il le fait déjà dans mon auto. Vous savez combien ça coute, l'entretien d'une maison pareille? Moi oui, alors je préfère laisser mon frère où il est. De toute façon, après ce qu'il m'a fait, il ne mérite pas que je l'héberge chez moi.
Et ce soir, lorsque je suis rentré, devant ma porte de garage, il y avait une voiture. Celle de ma mère. D'abord déçu de sa visite, parce que ça signifiait que je n'aurais pas droit à ma baise de retour de boulot, j'ai vite ressenti une inquiétude. Vous savez, le genre d'impression que l'on a lorsqu'on est loin de chez soi et que l'on sait qu'on a oublié quelque chose d'important avant de partir. Est-ce que j'ai bien coupé le gaz? Est-ce que j'ai éteint les lumières? Les portes sont-elles verrouillées? C'est cette inquiétude que j'ai ressenti. Et je me suis dit qu'il n'y avait qu'une possibilité pour que ma mère soit là. Alors c'est à contrecœur que je suis entré.
Ma femme et ma mère étaient dans le salon, en train de déguster une tasse de thé. Un vrai thé, avec de vraies feuilles. Pas le thé en sachet ou la vulgaire infusion. Et donc les deux femmes sont en train de boire un thé et de rire mais je vois les yeux de ma mère et que sait qu'elle a pleuré il y a quelques minutes. Lorsque j'ai fait irruption dans la cuisine, j'avais une vision d'un décolleté plongeant mais j'ai réussi à m'en détourner et à voir les yeux de maman. Et comme je vois qu'elle a pleuré, je m'approche et lui demande ce qu'il se passe, non sans embrasser ma femme avant. Et je sais que ma mère va me parler de mon père. C'est l'intuition que j'ai eu. Ma mère ne se déplacerait pas, sauf pour annoncer la mort de mon père. Peut-être mort en plein repas de purée et de vache qui rit. Mais cette fois, je me trompe. Ma mère ne me parle pas de mon père mais de mon frangin disparu. Et quand, dans sa bouche, elle parle de mon frangin disparu, elle parle de moi, en réalité. De celui qui vivait dans la chambre miteuse, en compagnie de cafards et de champignons dus à l'humidité. Ma mère, elle a à nouveau les larmes aux yeux et ma femme lui sert une nouvelle tasse de thé. Elle en boit une gorgée et manque de s'étouffer avec à cause d'un sanglot. Ma mère, elle me dit qu'elle est inquiète depuis mon départ précipité et incompréhensible de la maison familiale lors du repas. Si elle savait. Elle dit qu'elle a essayé de m'appeler plusieurs fois et qu'elle n'a jamais eu de réponse. Si elle savait. Elle dit que la part de gâteau qu'elle me garde au frais est vraiment trop moisie pour qu'elle la gratte encore. Si elle savait. Elle dit qu'elle s'inquiète pour moi. Maman, si tu savais. Si tu savais que ton fils, celui que tu recherche, il est devant toi. Elle boit une nouvelle gorgée de thé et nous regarde, ma femme et moi. Ma mère dit qu'elle est sortie pour essayer de me retrouver. Elle boit encore un peu et elle dit qu'elle a retrouvé ma trace. Elle parle d'une entreprise de location de véhicule. Elle dit que j'ai loué une voiture. Elle dit que la voiture a été retrouvée par l'entreprise. Mais que la voiture était vide. Évidemment, ce jour là, je suis parti travailler avec ma voiture de luxe. J'ai oublié de ramener l'ancienne. Ma mère, elle termine son thé et elle dit que cette petite voiture de location, elle a été retrouvée sur l'itinéraire que j'emprunte lorsque je pars travailler. Alors elle me regarde fixement et me demande: « T'aurais pas croisé ton frère, il y a une semaine? ».
Et je ne sais pas quoi dire. Je suis chez moi, j'ai un boulot tranquille qui m'enrichit. J'ai une voiture de luxe confortable et avec un grand coffre. J'ai une maison immense et magnifique et j'ai la femme que tout homme désire. J'ai tout ça et il y a ma mère qui me pose des questions et j'ai peur qu'elle comprenne. J'ai peur qu'elle comprenne que je suis le fils qu'elle recherche. Et j'ai peur qu'elle ne comprenne pas pourquoi j'ai fait ça. Ma mère, elle ne sait pas ce que je sais. Elle a été manipulée par mon détestable frère.
Je reste silencieux, cherchant une réponse valable à donner et je ne trouve rien d'autre à répondre que « Non, je ne l'ai pas vu ».
Alors ma mère, elle se lève, elle embrasse ma femme et la remercie pour le thé. Elle m'embrasse. Et elle franchit la porte. Là, elle s'immobilise, comme quelqu'un qui se rappelle quelque chose subitement, elle se retourne vers moi et ajoute: « Au fait, l'état de ton père s'est dégradé depuis cette histoire » avant de rejoindre sa voiture et de s'en aller.
Je regarde la voiture partir au loin et je rentre. Ma femme est déjà sur la table, prête pour qu'on puisse rattraper ma baise de retour de boulot. Et là, j'en ai rien à faire des larmes de ma mère. J'en ai rien à faire du sang de mon frère dans la voiture. J'en ai rien à faire de l'état de mon père. Devant ce corps prêt à m'accueillir, je ne me fais pas prier et accepte volontiers l'invitation.

Le week-end arrive finalement et je profite de ce moment pour trainer au lit. Je reste dans le lit et je fais semblant de dormir. Je fais semblant de dormir parce que chaque week-end, si ma femme me voit toujours endormi au moment où son réveil sonne, elle me réveille par une fellation. C'est le meilleur moment du week-end. Et donc je fais semblant de dormir et le réveil sonne et j'attends. J'attends et rien ne se passe. Alors j'ouvre les yeux et ma femme n'est pas là. Et je n'ai pas le temps de me poser de question parce que le téléphone sonne.
Il y a un téléphone de chaque côté du lit, sur chacune de nos tables de chevet. Il y a un téléphone dans le salon. Un dans la cuisine. Il y a un téléphone dans l'entrée et même un dans la salle de bain. Le téléphone sonne et je décroche le combiné le plus proche de moi. Celui sur ma table de chevet. Et à la place de ma fellation du réveil du week-end, j'ai droit à une voix de vieille dame, j'ai droit à la voix de ma mère, un peu déformée par le téléphone.
Elle me demande si elle m'a réveillé et je lui réponds que oui. J'espère ainsi qu'elle va raccrocher mais elle continue de parler. Simple politesse. Quand on appelle quelqu'un, si on le réveille, en réalité, on s'en moque. On ne va pas raccrocher. De toute façon, maintenant, la personne est réveillée. Et pendant que ma femme est je ne sais où, ma mère me parle. Elle me parle et je l'écoute d'une oreille distraite. J'entends vaguement que mon père est à l'hôpital, j'entends un peu plus clairement que mon frère est toujours introuvable et finalement, j'entends distinctement ma mère me souhaiter un bon anniversaire. Ça, je l'avais oublié. Et c'est à cet instant que ma femme rentre dans la chambre, en nuisette transparente et portant un grand plateau. Rapidement, je prends congé de ma mère sans attendre ses autres nouvelles et je m'installe un peu mieux sur le lit, prêt à déguster un bon petit-déjeuner. Vous avez dû remarquer que ma femme aime le sexe. Je l'ai remarqué, moi. Et j'en ai profité. Alors je ne sais pas pourquoi je m'attendais à un petit déjeuner. Sur le plateau que ma femme porte, il n'y a pas de petit-déjeuner mais tout un tas d'accessoires. Ma femme, pour mon anniversaire, elle m'offre un plateau avec menottes, bandeau, fouet, godemiché, vibromasseur... Toute la parfaite panoplie pour une baise imaginative. Elle pose ça sur le lit et m'embrasse après m'avoir souhaité un « très jouissant anniversaire ». Ma femme, elle m'attache au lit avec une grosse paire de menottes. Ma femme, elle me caresse. Et sa nuisette transparente ne cachant absolument pas sa poitrine, elle me dit qu'il y a déjà quelques semaines, elle a acheté plusieurs tenues. Infirmière, policière, hôtesse de l'air et soubrette. Elle me dit, en souriant qu'elle l'a caché dans le seul endroit où je ne vais jamais. Et devant mon regard interrogateur, elle répond juste: « Dans le coffre » avant de descendre les escaliers.
Tous les jours, j'ai ouvert le coffre. Tous les jours, j'ai vu mon frère, à moitié allongé sur des sacs. Tous les jours, je sortais mon cahier, le Twin identity, pour m'en servir comme mon nouveau journal intime. Tous les jours, après avoir terminé la rédaction de ma journée, je le cachais à nouveau au milieu des sacs. Tous les jours, des sacs devant moi. Tous les jours des putains de sacs à moitié écrasés par le cadavre de mon putain de frère que je déteste. Et là, c'est moi que je déteste. Parce que je n'ai jamais pensé à les ouvrir, ces sacs. Parce que j'étais tellement obnubilé par cette paire de seins que j'en oubliais le reste. Et maintenant, ma femme, elle se dirige vers le garage, pensant me faire une surprise. Et moi, je suis menotté au lit. J'imagine qu'elle va ouvrir le coffre et tomber sur le corps dans un instant et son cri me signale que j'ai raison. Ce que je ne sais pas, maintenant, c'est comment je vais m'en sortir. Et ma femme revient dans la chambre, toute tremblante, tenant une matraque ensanglantée et moi, menotté au lit, la bite à l'air, je dis la première chose qui me vient à l'esprit. Je lui dis que ma mère avait raison, la dernière fois. Je lui dis que j'ai bien vu mon frère sur la route du boulot, ce jour-là. Je lui dis qu'il était comme fou. Je lui dis qu'il a tenté de me tuer et que je me suis défendu. Je lui dis que je l'aime et que je ne voulais pas qu'elle s'inquiète et je lui dis que c'est pour cette raison que j'ai caché la mort de mon frère. Ma femme, elle tremble encore, mais j'ai l'impression qu'elle m'écoute. Oh, Seigneur, si seulement elle pouvait me croire. Je lui demande de me détacher. Je lui dis que j'ai envie de la serrer contre moi. Et là, j'ai escaladé l'Everest. J'ai traversé l'Atlantique à la nage. J'ai marché sur la Lune. C'est le sentiment que je ressens lorsqu'elle accepte. Ce sentiment de victoire étonnante. Le moment où on sait qu'on a réussi quelque chose d'impossible. Ma femme, avec ses gros seins, elle me détache et je la serre contre moi. Ma femme, elle me demande si ce n'est pas grave si on repousse un peu le moment de mon « petit-déjeuner » et je lui dis que non, ce n'est pas grave. Ma femme couvre son corps presque nu d'une gilet et moi, j'enfile rapidement une vieille chemise. Et ma femme, elle me regarde fixement. Et je connais ce regard. C'est celui qu'elle me lançait lors du repas chez mes parents. Je baisse les yeux et je vois ce qu'elle voit en ce moment. Sur la chemise que je porte, mal nettoyée, il reste quelques traces blanchâtres. Une marque de foutre.
Je n'ai pas le temps de me ressaisir. Ma femme, ma propre femme, elle me colle la matraque dans la figure et plus rien.

Lorsque je me réveille, je suis à nouveau attaché sur le lit. Bien plus solidement que tout à l'heure. Une forte douleur fait claquer ma tempe et j'ai la vision trouble. Cependant, je vois encore suffisamment pour remarquer que ma femme, elle est assise près de la fenêtre. Ma femme, elle pleure en lisant. Et ce bouquin plein de ratures, je sais que c'est mon Twin identity. Je lui dis qu'elle doit me croire. Qu'en vérité, mon frère, lorsque nous étions bébés, il a prit ma place. Je lui dis qu'il m'a tout volé. Je lui dis que j'aurais dû être son véritable mari. Je lui dis que je n'ai fait que reprendre ce qui m'était dû. Je lui dis que j'ai toujours détesté mon frère. Et dans le lointain sonnent les sirènes de la police.

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