Tendre enfance P1
Tendre enfance (Partie 1)
Dans un petit appartement de banlieue, madame Scott préparait le repas. Agée de quarante-quatre ans, madame Scott avait été pendant un moment mannequin pour un grand couturier mais avec le poids des années sur les épaules, cette femme n'avait plus rien de la blonde pulpeuse et sexy qu'elle était auparavant. A vrai dire, elle se moquait totalement de son apparence désormais. Elle s'était prise de passion pour la cuisine et était même devenue un véritable cordon bleu. Toujours à la recherche de nouvelles saveurs, elle osait tous les mélanges, si bien qu'à force de goûter toutes ses créations, madame Scott était maintenant une femme bien portante.
Pendant qu'elle préparait le repas, un bœuf bourguignon, madame Scott regardait la télévision. Habituellement, lorsqu'elle cuisinait, elle éteignait l'écran mais depuis le début de la semaine, une série la captivait. Tout en coupant ses morceaux de viande elle suivait l'intrigue avec attention. Aussi fut-elle fort contrariée lorsque son épisode s'arrêta brusquement pour laisser place à un flash spécial. Elle y vit un journaliste devant un bâtiment qu'elle connaissait bien et lorsqu'elle comprit ce qu'il se passait, elle poussa un cri d'horreur avant de s'effondrer sur le sol.
A l'hôpital, monsieur Pietrowski était questionné par le personnel soignant. Ancien cheminot, monsieur Pietrowski était désormais un retraité de soixante-dix ans. Il habitait dans le même immeuble que madame Scott, à l'étage juste dessous. Il venait d'expliquer comment il avait entendu crier à l'étage supérieur puis il racontait maintenant la secousse qu'il avait ressentie lorsque madame Scott s'était effondrée. C'était lui, monsieur Pietrowski, qui avait alerté les secours et il avait insisté pour accompagner sa voisine à l'hôpital.
-Vous avez une idée de ce qui a pu provoquer son état? Demanda un stagiaire.
-Plus qu'une idée monsieur. Une certitude. Répondit le vieil homme. Elle est en état de choc.
-Ça, les médecins l'ont diagnostiqué, répliqua une infirmière. Ce qu'on demande, c'est l'origine de cet état.
-Lorsque je suis monté dans son appartement, reprit monsieur Pietrowski, j'ai trouvé madame Scott inconsciente devant la télévision. C'est le flash spécial qui l'a choqué. J'ai entendu les propos du journaliste et je ne vois pas d'autres solutions.
-Le flash spécial? Demanda le stagiaire.
Le vieil homme et le personnel soignant qui s'occupait de la patiente parcoururent alors les couloirs de l'hôpital jusqu'à atteindre la salle de repos équipée d'un téléviseur. Le flash spécial était toujours diffusé. Sur l'écran, chacun pu reconnaître l'école maternelle de la ville voisine surmontée de la légende « Prise d'otage à l'école maternelle ». Le journaliste signalait que le preneur d'otage était armé et que des élèves et professeurs avaient déjà été abattus.
-C'est ça, déclara monsieur Pietrowski. L'enfant de madame Scott est dans cette école. Il n'a que cinq ans.
-Je comprends mieux l'état de madame Scott, murmura l'infirmière. Aucune mère ne pourrait supporter de savoir son enfant victime d'un preneur d'otage...
Mais le retraité coupa l'infirmière.
La situation est pire encore que vous ne l'imaginez, mademoiselle. Regardez.
Et pendant que le vieillard désignait l'écran, le journaliste a reprit:
-Le preneur d'otage n'a pour le moment fait aucune déclaration ni revendication. Nous ne savons pas ce qu'il veut. Mais nous rappelons que son identité a pu être établie et en accord avec les forces de l'ordre, nous pouvons la divulguer.
En même temps que l'homme de la télévision, monsieur Pietrowski déclara:
-Il s'appelle Thomas. Thomas Scott. Et il a cinq ans.
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