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The storyteller cat
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16 juillet 2011

Coin Secret...

Coin Secret

 

Le vent souffle légèrement, tel une douce caresse. L'air en mouvement passe dans les branches en jouant une mélodie envoutante, douce, triste mais magnifique et inoubliable. Les brins d'herbe se couchent un peu sous ce souffle. Ils semblent danser lentement sur la musique jouée par la nature. Le vent parcours les fleurs multicolores et en transporte les odeurs. Un mélange de senteurs qui, si on ferme les yeux, nous délivre des images de bouquets chatoyants. Prêtant l'oreille à ce son, je perçois des piaillements et un rire. Mon cœur s'accélère. C'est comme si j'avais attendu ce moment toute ma vie. Comme si je venais chaque jour dans ce parc afin d'entendre ce rire, car lorsque je l'ai entendu, j'ai su que je vivais uniquement dans ce but. Il me fallait trouver la personne qui possédait ce rire si clair, si pur, mais le vent tournait autour de moi, jouant toujours sa musique et je n'arrivais pas à repérer la direction par laquelle me provenait le rire. Heureusement, les oiseaux sifflaient et chantaient plus fort maintenant et je me disais que si je retrouvais l'endroit où se trouvaient ces êtres ailés, je parviendrais à retrouver la personne qui riait.
Je me décidais finalement à prendre la direction du nord-est, estimant que le son était plus fort dans cette direction et je ne m'étais pas trompée. Plus j'avançais et plus les bruits étaient présents. Finalement, la musique jouée par le vent était loin derrière moi et je percevais facilement les chants des oiseaux et le rire. Mon cœur s'accéléra une seconde fois. Sans m'en rendre compte, je commençais à courir et j'arrivais fatalement là où je désirais aller. Devant moi, brillant du reflet du soleil, se trouvait un lac magnifique, clair et à l'eau limpide. A travers, je percevais la myriade de poissons nageant en toute tranquillité. Leurs déplacements me firent penser aux danses aquatiques synchronisées mais en beaucoup plus naturel et gracieux. J'étais véritablement dans un lieu qui n'avait pas eu à souffrir de la présence de l'homme. Ce parc était si bien caché que j'avais été la seule à le dénicher et je m'étais bien gardée d'en parler à quiconque et voilà que je découvrais à l'intérieur un lac secret. Un lac que je n'avais jamais vu, même si je pensais avoir visité le parc de fond en comble. Pourtant, le rire que j'avais entendu ne me semblait pas être le rire d'un intrus. Au contraire, je me disais que la personne qui riait ainsi avait bien plus le droit que moi de se trouver ici. Je me sentais de trop, ici. Pourtant, après avoir regardé le ballet des poissons, j'avais porté mon regard sur le petit îlot au centre de l'eau car c'était de ce lieu que s'élevait le rire. Devant moi se tenait un garçon d'à peut près mon âge. Je ne lui donnais pas plus de 15 ans, en tout cas. Il se trouvait debout et tout autour de lui volaient les oiseaux que j'avais entendu tout à l'heure. Ils tournaient autour de lui tout en chantant. Soudainement, le garçon leva les bras et les oiseaux se dirigèrent vers le ciel avant de redescendre tel un feu d'artifice. Je compris qu'il leur avait lancé quelques graines. C'était un spectacle fascinant. J'étais comme hypnotisée par l'action se déroulant devant moi. Lorsque je venais dans le parc, d'habitude, je m'allongeais dans l'herbe et me faisais bercer par le vent et les parfums environnants, comme tout à l'heure mais jamais je n'avais ressenti le bonheur que j'éprouvais désormais. Le garçon riant au milieu d'une île, petit morceau de terre flottant sur une eau d'une clarté exceptionnelle, les oiseaux effectuant leurs tours en attendant la nourriture. Tout ceci me mettait dans un état de joie intense. Puis le garçon tourna la tête vers moi et il plongea ses yeux dans les miens. C'est à cet instant que je su avec certitude que j'étais tombée amoureuse de lui et que je n'aimerais personne d'autre à présent. Captivée par son regard, je n'ai pas réagit lorsqu'il s'est avancé vers moi puis finalement, il était là, face à moi. Je le regardais un instant, étonnée qu'il ai franchi un lac sans embarcation et sans être mouillée mais je croisais à nouveau ses yeux et ce détail me paru futile. Il était là et c'était tout ce qui comptait pour moi. Curieusement, je n'arrivais pas à le décrire, il semblait si changeant.
J'essayais de parler mais aucun son ne sortait de ma bouche et pourtant, il fallait que je lui parle. J'étais persuadée qu'il disparaitrait pour ne plus jamais revenir si je ne prononçais pas un mot. Mais il semble que je me trompais. Il a sourit et à rit de nouveau. Il me prit par la main et sans savoir de quelle façon j'y étais parvenue, l'instant d'après, je me trouvais au milieu de l'île avec lui. Il me fit ouvrir les mains paumes vers le ciel et y déversa des graines. Les oiseaux se précipitèrent pour se nourrir et je me mit à rire à mon tour, chatouillée par les doux effleurements sur ma peau des becs attrapant de la nourriture.
-Tu vois, c'est pas compliqué de faire sortir des sons.
J'eus un frisson. Sa voix était encore plus mélodieuse que le vent chantant. Je rangeais le restant de graines dans ma poche et finalement, je posais la question qui me brulait les lèvres: « Qui es-tu? ».
Il s'approcha de moi et m'enserra. Puis il plaça ses lèvres sur les miennes. Baiser au goût de miel. Je fonds et lui dis que je l'aime. Il rit à nouveau mais son rire semble différent. Moins brillant. Plus métallique. Cependant, c'est toujours de la même voix cristalline qu'il me parle:

-Tu me demande qui je suis? Je suis toi et tu es moi. Juste ça.
Il s'écarte de moi et se transforme. Devant mes yeux se tient une fille que je trouve d'une banalité affligeante. Je reconnais mes traits sur son visage et soudain j'éprouve du dégout pour l'environnement qui m'entoure. Le vent ne souffle plus, le ciel se couvre de nuages. L'eau se teinte d'une vert marécageux et les poissons viennent flotter à la surface, le ventre à l'air. Les oiseaux tombent raides morts et je sens des choses s'agiter dans mes poches. Des asticots en sortent. Devant mon air effrayé, la fille rit. Son rire n'est pas le miens. Ce n'est pas celui du garçon non plus. Il s'agit d'un rire qui vous glace le sang. La folie se dégage maintenant de ses yeux et l'île sur laquelle on se trouve s'enfonce lentement dans les eaux pollués et remplies de mort. Elle attrape un oiseau encore en vie et place sa tête dans sa bouche avant de la refermer en claquant ses mâchoires. Tremblante de peur et de dégout, je perçois dans ma bouche un liquide chaud et je le crache. Sur l'herbe desséchée tombe du sang.
-Je t'avais dit que j'étais toi.
Je vacille sur mes jambes et lorsque je me redresse, je suis seule. Je tiens l'oiseau à moitié dévoré dans mes mains, son sang s'écoulant sur mes doigts que je m'empresse de lécher. Et je ris. Du même rire cruel qui me faisait tant peur tout à l'heure. Je suis elle et elle est moi.
Mes yeux se ferment puis s'ouvrent à nouveau. Sous le baiser, je m'étais endormie, tant je me sentais bien. La vision a disparu. Je suis dans les bras du garçon, nous nous embrassons encore, entourés par les oiseaux chantant, la musique du vent, les parfums enivrants. Un instant, j'ai été effrayée par ce cauchemar mais dans les bras de ce garçon, je me calme. Je pose ma tête sur son épaule tout en le serrant contre moi et là, je m'endors à nouveau. Et il n'y a plus de cauchemars. Juste lui,qui qu'il soit, moi et notre coin secret.

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