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La rue était silencieuse malgré le nombre important de piétons. Tous étaient immobiles, à regarder un pauvre type qui s'agitait en ce tenant le crâne. Sans bruit, la foule le regardait se rouler sur le sol, se claquer la tête contre les bordures, se mordre violemment les bras... Certains filmaient à l'aide de leurs téléphones portables mais toujours sans aucun bruit. Alors le type fit l'effort de se relever et regarda le gars le plus proche de lui. Puis, dans un effort semblant surhumain, il lui demanda:
-Merde! Qu'est-ce que tu m'as fait?
A ce moment, du sang lui coula du nez et il s'écroula, mort.
Le type qu'il regardait, c'était moi. Et ce que je lui ai fait, c'était juste une attaque psychique. En franchissant ses barrières mentales, j'étais allé jusqu'à le tuer.
Pourtant, cette personne ne m'avait rien fait. Elle est seulement passée à côté de moi au moment où je voulais tuer. Avec un pouvoir comme le mien, aucun risque d'être poursuivi en justice.
La rue est toujours silencieuse. Les témoins de la scène ne réagissent même pas à la vue d'un homme mort sous leurs yeux. Ils repartent vers leurs activités quotidiennes.
Allez-vous-en! Allez donc travailler, dépenser votre argent, tromper vos maris ou vos femmes! Foutez le camp et fichez-moi la paix!
J'ai pensé cela si fort que certains ont ressenti mon aversion contre eux. Ce n'est pas grave, ils auront une migraine. Deux ou trois aspirines et tout ira bien. Alors qu'ils ne me fassent pas chier!
Je repars en maudissant ces gens. Ils ne m'ont rien fait mais j'en veux à tout le monde. Mais c'est de sa faute! A elle... Qui est-elle? Une copine? Une voisine? Ma mère? Peut importe. J'ai oublié. Mais je sais que c'est de sa faute et je n'ai pas besoin de savoir autre chose.
Dans la rue, il y a beaucoup de monde. Ça va des clodos aux jolies filles. En voilà justement une! Attaque psychique et la voilà à mes pieds. Nouvelle attaque et un taxi s'arrête à notre niveau. On monte à l'arrière et on fait l'amour. Elle n'y prend aucun plaisir mais je m'en tape. Le chauffeur de taxi ne bouge pas. Du sang s'écoule de ses oreilles. Il n'était pas assez fort pour résister à mon agression. Bien fait s'il est mort. Nous n'avons pas besoin de faibles comme lui dans mon monde.
Je termine mon affaire et je la mets dehors, à poil. Elle s'en rendra compte quand 500 mètres nous séparera, elle et moi. Je pousse le conducteur et prends sa place. Je roule jusqu'à chez moi. Il est trois heure du matin. Mon voisin écoute encore sa musique pourrie.
Attaque!
La musique s'arrête. Il sort avec un couteau et charcute le chauffeur mort. Après, il appellera la police et se dénoncera pour le meurtre. Bien fait pour sa gueule. J'ai même envie de le forcer à frapper les flics qui se ramèneront mais je suis trop crevé.
Quand je me réveille, il est treize heure. J'aurais dû me lever à 7H30 pour aller à un rendez-vous. Rien à foutre. Qu'il vienne se plaindre et je le tue, ce con de proviseur.
J'ai pas besoin d'aller en cours! Tu comprends pas ça, connard? Fait chier, merde!
J'ai du courrier. On demande ma présence au commissariat. Ils veulent savoir si je suis au courant de quelque chose. Putain. Ils me cassent les couilles! J'vais les crever et basta! Je sors et vais dans un magasin. Attaque sur le personnel et je sors sans payer. Il m'a semblé qu'un des vigiles s'était écroulé. Game Over pour lui. Encore un faible. C'est pas une grande perte. Y'a à nouveau des jolies filles dans la rue. J'ai bien envie de les voir se caresser.
Attaque!
Et merde! Téléphone...
Je laisse tomber pour cette fois et je réponds.
-Ouais? C'est qui?
-Allo mon poussin? C'est maman.
Putain de merde! Pourquoi elle appelle, celle la?
-Qu'est-ce qu'il y a? Pourquoi tu viens m'faire chier, là?
-Tu me parle autrement... Il faut que tu rentre immédiatement. Le médecin est là.
-Dis-lui de s'casser. C'est un sale con!
-Arrêtes avec ça! Tu reviens de suite!
Ça me gave ça! Bon, j'vais rentrer et me le faire, ce connard.
-Ouais... J'arrive.
J'rentre chez moi. Le médecin me regarde en souriant.
Qu'est-ce que t'as à sourire avec ta sale gueule?
Attaque!
Il bouge pas.
Attaque!
Rien.
Attaque!
Toujours rien...
-Crèves!
J'ai fini par gueuler mais aucun effet.
-Vous voyez? Il recommence.
Ma mère dit ça en pleurant.
Elle est trop faible. Qu'elle crève aussi.
Attaque!
Toujours rien.
Alors le médecin s'approche de moi et dit:
-Je vais t'emmener dans un centre spécialisé.
-J'suis pas fou!
Je gueule encore plus fort.
-Personne n'a dit que tu l'étais. Seulement, tu imagine des choses. Des pouvoirs, par exemple. Là-bas, tu cesseras d'en vouloir à tout le monde et tu redeviendras un étudiant normal.
…
C'est ce que je suis. Un étudiant normal...
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